Neige et maïzena

Hier, j'ai marché sur des étendues de maïzena. Prenez une grosse cuillère à soupe. Plongez là dans la boîte en carton après avoir déplié le papier qui retient la farine de maïs. Ressortez la cuillère. On dit chez moi que « ca fait tort ». Il y a de la maïzena plein la cuillère et vous en avez aussi plein la main.
Regardez alors le petit monticule qui pointe sur votre cuillère: il tient mais si vous le titillez, il tombe en petites couches comme autant de micro avalanches. Replongez la cuillère dans la boîte, écoutez le « crouitch » de la maïzena qui se tasse. Mes épaules se haussent, ma tête se tourne et mes cheveux du haut de la nuque se dressent gentiment: un petit frisson me parcoure... de nouveau, ca « me fait tort »... Ecoutez le bruit de la neige qui se tasse quand le pied s'y dépose dans le plus simple des mouvements qui sot: la marche. De pas en pas, autant de cuillérées de maïzena que l'on extirperait de son paquet de papier. Chaussée de raquettes, je descends de la montagne, marquant la neige vierge de mon pas de pionnière. Je suis le Yéti des Pyrénées qui de sa démarche lourde et assuré va inspecter les chaumières orangées. Dans ma parka de ski, mes bras s'écartent: le yéti sustente son polygone et lève ses genoux. La neige lui crisse sous les griffes.

Hier, un yéti en veste rouge descendait de sa montagne de maïzena... Le yéti c'était moi.